Même si la plupart des métiers sont exposés à l’évolution rapide des nouvelles technologies, celui de l’expertise comptable reste quant à lui très exposé.
En effet, l’expert-comptable utilise de nombreux logiciels, progiciels pour réaliser les prestations qu’il propose à ses clients.
Ces outils évoluent de façon régulière dans la saisie des données, l’établissement des bilans notamment.
L’intelligence artificielle apporte beaucoup et en accélère le traitement, mais aussi permet des passerelles plus souples et efficientes avec les plateformes de déclaration de l’Etat (Trésor Public, URSSAF…) ou privées (banques, mutuelles,…).
Cela entraîne inéluctablement des changements importants au niveau des sociétés d’expertise comptable, tant sur un plan humain, organisationnel, commercial que financier.
Les missions traditionnelles ne seront plus produites, ni commercialisées, ni tarifées de la même façon.
Comme tout entrepreneur, l’expert-comptable doit s’adapter à la mouvance de son marché en voyant pointer aussi de nouveaux concurrents qui peuvent être aussi bien les banques (en quête de plus de valeur ajoutée « clients ») que les éditeurs de logiciels (proposant toujours plus de services aux entreprises en direct, sans passer par l’expert-comptable).
Plusieurs orientations stratégiques sont possibles et à des niveaux différents : celui des institutions et celui des sociétés d’expertise comptable.
L’expert-comptable a eu jusqu’à présent un avantage important : une relation client forte où son rôle est souvent celui d’un conseil omniscient.
Le taux de fidélisation de sa relation est très élevé.
Plus de 95 % selon différents sondages.
Pourra-t-il conserver ce niveau de relation et être une barrière à d’autres acteurs ?
Compliqué dans un monde où le besoin de conseil est souvent très spécifique.
Certaines structures intègrent déjà de nouvelles compétences : juristes, fiscalistes, financiers, RH, SI …pour proposer de nouvelles offres à leurs clients.
Il s’agit de structures de taille significative, car cela demande non seulement d’avoir un potentiel important de clients, mais aussi des moyens financiers pour mettre en œuvre.
La lente consolidation du métier en est sans doute un effet.
Mais il est vrai que les résistances sont nombreuses, liées au fait que l’expertise comptable soit en France un métier d’exercice libéral et indépendant.
Difficile dans ce cas de passer d’artisan du chiffre (cabinet) à celui d’industriel (société).
L’autre avantage est le niveau de relation établi avec l’écosystème des entreprises (les clients).
Il est le tiers de confiance des différentes instances de l’Etat et certifie pour un grand nombre de TPE et PME le montant des différentes cotisations sociales ou fiscales : IS, TVA, CFE, taxe sur les salaires, cotisations sociales….
Il est donc primordial pour la profession (qui est une profession réglementée) de préserver cette relation avec l’Etat, voire de la renforcer.
Pour cela, il faudra peut-être maîtriser directement sa technologie (comme essaye de le faire les banques) : logiciels, progiciels, intelligence artificielle, stockage des données et en travaillant sur des projets communs avec les services de l’Etat.
La profession « expert comptable » a de solides atouts pour lutter face aux banques, et éditeurs de solutions informatiques ou hightech (souvent détenus par des fonds d’investissements puissants).
Son salut viendra peut-être davantage par des prises de position au niveau des institutions que par des actions isolées : partage de projets avec l’Etat, prise de contrôle de sociétés d’édition de logiciels, création des structures d’investissement pour accompagner les clients…qui sait ?